samedi 28 janvier 2012

Lettre à l'absente

J’ai rêvé de toi la nuit dernière, et encore celle d’avant. Est-ce parce que j’aimerais tant pouvoir te confier la portée de cette chose fragile et belle qui m’arrive – et qui balaierait presque l’absurdité intacte du travail ?

Je ne crois pas m’avancer en te disant que ça t’aurait plu, avec moi, de me retrouver ainsi, au plus proche de nouveau de ce que je suis fondamentalement… Si tu me voyais, si tu pouvais sonder l’intérieur de mon esprit (j’allais écrire cœur, ou même âme, mais il est trop tôt encore : je ne veux deviner aucun sourire ironique sur les lèvres de ceux qui tomberont sur cette lettre)… si tu pouvais voir à l’intérieur de moi, donc (et tu le pouvais), tu retrouverais tout ce que je croyais avoir été saccagé de la beauté et de la fragilité. Tout est intact, malgré tout, ou tout a été restauré, ou tout a été retrouvé, je ne sais pas. Sur les objets timides du monde en moi, à peine la poussière du temps. Et rien des désillusions qui nous conduisent si souvent à couvrir d’un drap noir les choses lointaines. Tu m’aurais demandé son prénom. Tu aurais souri avec moi. Tu aurais dit te souvenir de lui, et tu m'aurais décrit quelqu'un d'autre. Tu m’aurais parlé de L’Echarpe, ce texte que tu aimais tant et auquel tu pardonnais tout. Tu aurais évoqué nos histoires passées, P., G., et le Funambule pour moi, F., A. et P. pour toi…

Tu m’aurais demandé si je renie mes dernières histoires, et j’aurais répondu que non, mais que ce sont des histoires de grandes personnes, qui bannissent un peu, quand même, le flottement du rêve. A un moment, on aurait rigolé de tout cela, et un peu du reste. Et puis on se serait resservi à boire. Et aussi, tu m'aurais pris les mains.

Tu me manques tellement.

Christophe