vendredi 25 juillet 2008

Des vieilles et belles amitiés

(8 juillet 2008)

Juliette est à l'hôpital.

Juliette est à présent ma plus vieille amie, la seule que j'ai gardée de mes 15 ans.

Je l'ai connue par l'intermédiaire de ma cousine : elles étaient dans le même lycée médicalisé. Je me souviens même précisément de ce jour-là, des vêtements (noirs) qu'elle portait, du canapé où elle était assise. Et du regard que l'on a échangé.

Juliette est née avec une double malformation cardiaque, rarissime, avec laquelle elle a dû grandir, se construire, dans une connaissance et une familiarité de la mort qu'elle a appris trop tôt à lire dans le regard d'autrui, des médecins, de ses parents.

Juliette est une grande lectrice, une grande poétesse et une grande amoureuse. Ses textes sont volontiers peuplés de petites filles perdues (plus tard, en lettres modernes où je l'ai retrouvée, elle a travaillé sur Lewis Carroll). Ses haïkus ont la légèreté des enfants graves. Une grande amoureuse parce que nous sommes quelques-uns - des garçons et des filles - à avoir peuplé, à un moment ou à un autre, son romantisme onirique.

Juliette est à l'hôpital parce que son corps se livre parfois à des caprices médicaux que les médecins sont dans l'obligation de contraindre.

Juliette, ma plus vieille et ma plus chère amie.


(25 juillet 2008)

Les choses s'arrangent : elle s'impatiente. D'ici quelques jours, elle va partir à Kerpape, un centre qu'elle connaît bien dans la Bretagne qu'elle aime tant.