Mauvaise surprise chez le pharmacien hier : l’État a accentué la pression pour un recours nettement plus systématique aux génériques, et si certains médicaments princeps sont « exemptés », notamment dans le cas d’une ALD, ce n’est pas le cas pour un des antirejets. En résumé, je suis supposé accepter le médicament générique que me propose le pharmacien. Si je refuse, je perds le bénéfice du tiers payant, c’est-à-dire cet avantage qui fait que je n’ai pas à avancer l’argent pour des médicaments qui, de toute façon, me seraient remboursés à 100 %. Dans mon cas, cela consiste à avancer un peu plus de 300 euros à chaque fois. Et le pharmacien doit préciser sur l’ordonnance que je refuse (bouuuuh !!) le générique.
J’hésite à me plaindre franchement, parce que j’ai bien conscience de ne pas être dans un de ces pays terribles (ou odieux) où seuls ceux qui en ont vraiment les moyens peuvent se soigner. En faisant quelques gesticulations bancaires (virements opportuns dans un sens puis dans l’autre quand tombera le remboursement), les choses devraient à peu près bien se passer. Mais ce ne sera pas le cas pour tout le monde, et l’on devra alors compter sur la bonne volonté d’un pharmacien acceptant d’encaisser tardivement un chèque... Incidemment, cela veut dire que ceux qui ont le moins de marge de manœuvre financière seront plus tentés d’accepter.
J’explique au pharmacien que, selon moi, les cardiologues refuseront que je prenne un générique (cela avait été autrefois proposé, déjà, à une amie greffée). Je demande : « Et s’il y a la mention “non substituable” dans la marge de l’ordonnance ? » Il fait la moue, mais c’est non. D’ailleurs, ajoute-t-il, il a un client greffé qui en prend et qui se porte comme un charme. Je ne relève pas.
Coup de téléphone passé à l’hôpital, la réponse fuse : « Pas de génériques pour les antirejets ». Mais je sais également d’avance que le pharmacien ne cédera pas, car il en serait alors de sa poche : ça l’aide à être dans une démarche « incitative »…
Ce que je trouve véritablement dégueulasse dans l’affaire, c’est que la totalité de la pression s’exerce, finalement, sur le malade, toujours soupçonné d’être un incontrôlable dépensier et de ne pas jouer le jeu lorsqu’on lui propose un geste « citoyen ».
Car comment les pouvoirs publics peuvent-ils imaginer que les patients aillent de gaité de cœur à l’encontre des recommandations de leurs médecins ? Au-delà même de la charge d’angoisse qui accompagne la prise d’un médicament dont les dysfonctionnements pourraient lui être fatals, la relation avec le médecin repose sur la confiance : ce n’est pas à nous de juger du bien-fondé (ou non) de leur défiance.
Au mieux, le système mis en place relève de la seule incompétence (qui a-t-on donc réuni avant de prendre cette décision ? Ni les coordonnateurs de greffe, ni les sociétés savantes n’ont été correctement consultés en tout cas). Mais après tout, il y a quelques exemples fameux de décisions absurdes. Au pire, le système est l’expression d’un principe pervers qui fait résolument du malade la variable d’ajustement : après tout, pourquoi se priver d’exercer la pression sur ceux des acteurs du système qui sont le moins organisés… Il était sans doute plus difficile d’affronter les spécialistes de la greffe.
Faut-il préciser qu’une fois de plus, dans ce pays, tout part néanmoins de traviole, et que des disparités régionales, entre les différentes caisses, sont déjà apparues, certaines acceptant la mention « non-substituable »…
J’hésite à me plaindre franchement, parce que j’ai bien conscience de ne pas être dans un de ces pays terribles (ou odieux) où seuls ceux qui en ont vraiment les moyens peuvent se soigner. En faisant quelques gesticulations bancaires (virements opportuns dans un sens puis dans l’autre quand tombera le remboursement), les choses devraient à peu près bien se passer. Mais ce ne sera pas le cas pour tout le monde, et l’on devra alors compter sur la bonne volonté d’un pharmacien acceptant d’encaisser tardivement un chèque... Incidemment, cela veut dire que ceux qui ont le moins de marge de manœuvre financière seront plus tentés d’accepter.
J’explique au pharmacien que, selon moi, les cardiologues refuseront que je prenne un générique (cela avait été autrefois proposé, déjà, à une amie greffée). Je demande : « Et s’il y a la mention “non substituable” dans la marge de l’ordonnance ? » Il fait la moue, mais c’est non. D’ailleurs, ajoute-t-il, il a un client greffé qui en prend et qui se porte comme un charme. Je ne relève pas.
Coup de téléphone passé à l’hôpital, la réponse fuse : « Pas de génériques pour les antirejets ». Mais je sais également d’avance que le pharmacien ne cédera pas, car il en serait alors de sa poche : ça l’aide à être dans une démarche « incitative »…
Ce que je trouve véritablement dégueulasse dans l’affaire, c’est que la totalité de la pression s’exerce, finalement, sur le malade, toujours soupçonné d’être un incontrôlable dépensier et de ne pas jouer le jeu lorsqu’on lui propose un geste « citoyen ».
Car comment les pouvoirs publics peuvent-ils imaginer que les patients aillent de gaité de cœur à l’encontre des recommandations de leurs médecins ? Au-delà même de la charge d’angoisse qui accompagne la prise d’un médicament dont les dysfonctionnements pourraient lui être fatals, la relation avec le médecin repose sur la confiance : ce n’est pas à nous de juger du bien-fondé (ou non) de leur défiance.
Au mieux, le système mis en place relève de la seule incompétence (qui a-t-on donc réuni avant de prendre cette décision ? Ni les coordonnateurs de greffe, ni les sociétés savantes n’ont été correctement consultés en tout cas). Mais après tout, il y a quelques exemples fameux de décisions absurdes. Au pire, le système est l’expression d’un principe pervers qui fait résolument du malade la variable d’ajustement : après tout, pourquoi se priver d’exercer la pression sur ceux des acteurs du système qui sont le moins organisés… Il était sans doute plus difficile d’affronter les spécialistes de la greffe.
Faut-il préciser qu’une fois de plus, dans ce pays, tout part néanmoins de traviole, et que des disparités régionales, entre les différentes caisses, sont déjà apparues, certaines acceptant la mention « non-substituable »…