dimanche 11 janvier 2009

Des lisières

J’ai toujours habité en lisière. La maison de mes parents était à quelques mètres d’une autre petite ville où reposent l’essentiel de mes souvenirs : c’est bien dans cette autre ville que j’ai été à l’école primaire, que j’allais faire les commissions avec ma grand-mère ou ma grand-tante ; c’est là-bas, plus âgé, que j’allais marcher la nuit à la recherche de mon identité, dans les ruelles, sur le pont ou au bord de l’eau.

Quand j’ai emménagé avec G. dans une collocation chahuteuse à Antony, les maisonnettes qui étaient de l’autre côté du trottoir dépendaient de Fresnes. Des fenêtres de notre appartement, nous voyions la prison.

À Montrouge où je me suis installé après notre séparation, reprenant le studio d’une amie, j’étais sur l’avenue frontière entre Montrouge et Malakoff. J’avais passé une nuit chez elle avant de me décider à prendre l’appartement. Dans l’immeuble en face, un homme torse nu était apparu dans l’embrasure d’une fenêtre, que je n’ai jamais revu : l’immeuble était en fait un hôtel.

Et aujourd’hui encore, je suis à la lisière entre le neuvième arrondissement et le deuxième. C’est le deuxième que je traverse le plus souvent pour rejoindre mes amis ; mais c’est dans le neuvième que je déambule plus volontiers, à la recherche de ces chers cafés où me poser pour lire et écrire.


 
 
 
 
 
 
Commentaires

Moi aussi, je suis un homme de lisière. Quand j'étais enfant, l'autre commune commençait de l'autre côté de la rue. Ici, je travaille sur Lyon, mais à dix mètres du panneau de la commune d'à côté. J'ai habité dix-sept ans à la frontière entre le 3° et le 6° arrondissement, et maintenant, depuis dix-huit ans, j'habite à celle entre le 3° et le 7°. Penses-tu que cela ait un rapport avec notre personnalité ou que ça peut influer sur elle?

Écrit par : calystee | 11 janvier 2009 

Et en écrivant, il y a régulièrement une autre lisière dont tu te rapproches : le bord poétique du langage!

Écrit par : Andesmas | 12 janvier 2009 

ce n'était pas trop glauque à Fresnes? Je me souviens d'un ami qui voyait de son appart' le cimetière. Mouvement de recul, la première fois que je me suis mis à la fenêtre...

Écrit par : fayçal | 12 janvier 2009

> Fayçal : non, ce n'était pas glauque, d'une part parce qu'on ne donnait tout de même pas sur le mur de la prison, d'autre part parce que c'était la fiesta 4 jours sur 5 ! Quand je vais en vacances chez G et J, ma fenêtre de chambre donne sur le cimetière. Ce n'est pas du tout un problème, et j'aime les cloches qui sonnent heures et demi-heures (oui, j'ai le sommeil lourd).
> Andesmas : bah dis donc !
> Calystee : je ne sais pas mais je me suis souvent posé la question de la possible influence (mais dans quel sens ?)

Écrit par : christophe | 13 janvier 2009  
 
C'est l'homme torse nu qui t'avait finalement décidé à prendre l'appart ? Cruelle désillusion à l'arrivée, en découvrant qu'il ne s'agissait que d'un hôtel, alors....
De la lisière entre l'espoir et la déception, entre ce qu'on espère et ce qu'on obtient, entre les immeubles et les auberges....

Écrit par : Lancelot | 18 janvier 2009

> Lancelot : J'ai souvent dit qu'il avait été déterminant. Mais je conserve de bons souvenirs de ces voisins éphémères, parfois impudiques. Ma mère m'avait même offert une paire de jumelles au cas où il me prendrait l'envie de me livrer au voyeurisme...

Écrit par : christophe | 23 janvier 2009

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