mercredi 18 juin 2008

De l'hématologue

Dernière étape franchie avec succès.

J'ai beaucoup de sympathie pour mon hématologue. Il est vrai qu'après tout, je le connais depuis huit ans et, si on se voit moins depuis quelques années déjà, je lui sais gré de ses certitudes. Je le revois comme si c'était hier, assis sur mon lit d'hôpital, flanqué de deux internes terrorisés, avec les résultats de ma biopsie et alors que je perdais encore quatre kilos par semaine (quelle époque !), m'annonçant le diagnostic et ajoutant immédiatement : « on va vous tirer de là ».

Parfois, il avait des petites phrases un peu mélodramatiques qui me faisaient sourire (« vous savez, ça cicatrise aussi l'âme ») mais qui, je crois, creusaient leur voie dans le méandre des connexions neuronales pour finalement atteindre leur but. Heureusement, il était trop âgé pour que je tombe amoureux ; mais je confesse un petit trouble éprouvé pour le jeune radiothérapeute au charme suranné, ainsi que pour un autre hémato qui s'occupait de moi à l'occasion et auquel j'avais fait une cassette (à sa demande) de Brigitte Fontaine. Une nuit, j'avais rêvé que j'étais assis en tailleur dans une immense pièce vide et carrelée et, qu'agenouillé derrière moi, il me lavait les cheveux (quel symbolisme léger !!)

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Entre-temps, toutes les infirmières que j'ai connues ont quitté le service. Durant mon traitement, j'étais le plus souvent entre les mains de deux d'entre elles. La première, d'une cinquantaine d'années, Rose, était un peu revêche au premier abord (mais l'on comprenait assez vite, derrière les services rendus un peu froidement - mais rendus tout de même -, qu'il s'agissait sans doute de se protéger : il y avait beaucoup d'adolescents et de jeunes adultes dans le service et certains - c'était statistiquement imparable - ne s'en sortiraient pas). L'autre infirmière, d'une grosse vingtaine d'années, aimait me parler de ses missions humanitaires. Je conserve de ses souvenirs un sentiment de honte qui ne m'a jamais vraiment quitté et qui d'ailleurs, sans doute, pour partie, alimente ma défiance à l'égard des voyages inutiles : né ailleurs que dans les quelques pays d'Occident qui offrent les traitements, je serais mort. Elle avait une très chaleureuse façon de me dire : « Allez jeune homme, donne-moi ton corps ! » au moment de planter l'aiguille. Chacun tentait de redonner de l'humanité, de redonner de l'épaisseur aux corps malades. Elle disait également : « As-tu vu le beau docteur aujourd'hui ? » et je saluais d'un sourire franc cette ironie vis-à-vis du sex-appeal supposé du médecin.

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Mon hématologue, après l'examen, a décidé que dorénavant les contrôles n'auraient lieu que tous les dix-huit mois. Il a insisté sur la nécessité de poursuivre tout de même le suivi - ce à quoi je me plie volontiers, qu'il soit sans inquiétude. Et en allant à la caisse, la jeune fille m'a annoncé que ma prise en charge à 100 % était terminée depuis mai. J'avais été très choqué de recevoir, en juin 2001, les papiers de la sécurité sociale m'annonçant - alors que tous les médecins se voulaient rassurants : le traitement durerait cinq ou six mois - que j'étais attributaire d'une prise en charge totale pour sept ans.

La boucle est bouclée.



Commentaires

et après la fin de la prise en charge à 100% que se passe-t-il ? Pour tes examens futurs ? Quel sera le taux de remboursement ? 
Écrit par : lancelot | 20 juin 2008

Bah, je ne sais pas trop : j'attends la facture de la consultation d'hémato. C'est un spécialiste mais c'est en milieu hospitalier donc ce devrait être à peu près raisonnable... Mais promis, si je dois lancer une souscription "Aider Christophe à supporter la fin de son ALD", je pense à toi.
Écrit par : christophe | 22 juin 2008

LOL.... Ce n'est pas à cela que je pensais (quoique ! Dans ce style de cas, il est toujours plus facile de faire des contributions pour des gens que l'on connaît et qu'on aime bien plutôt que de donner pour des anonymes... -encore un autre débat sans fin). Non en fait mon intérêt ici c'est de savoir jusqu'à quel point nous sommes protégés par notre système d'assurance maladie. Tu l'as "testé" plus loin que moi...
Écrit par : lancelot | 23 juin 2008

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