vendredi 16 novembre 2012

Une histoire d’horreur, d’intrusion, de culpabilité et de psychanalyse – 1re nuit

Tout commença dans la nuit du dimanche au lundi. C’était une nuit calme et dégagée, qui laissait scintiller un modeste quartier de lune.

Ce fut D. qui me réveilla. « Tu as entendu ? »

Il dut insister, reposer plusieurs fois sa question avant que je ne me résigne à répondre « oui ». Pour qu’il se taise enfin et que je puisse me rendormir. Mais il était trop tard : le doute, effroyable, avait distillé son noir poison en mon âme. Surtout… j’entendis bientôt à mon tour. Cela venait des communs et, pendant quelques (courts) instants, je ne fus pas loin d’être terrifié, car il ne s’agissait pas d’un de ces bruits mécaniques signalant la vie même de la bâtisse – une quelconque machine du voisinage par exemple. Non, c’était un bruit parfaitement aléatoire qui trahissait sans équivoque la présence d’un être vivant. Dans ma cuisine. En pleine nuit.

Afin de passer aux yeux de D. – et aux vôtres – pour le héros du couple (*), je me levai incontinent et me dirigeai, à pas discrets, vers la source même du danger. Sitôt la lumière allumée, le bruit cessa, mais une partie, une toute petite partie du mystère était levée : quelque chose, là, par terre, quelque chose avait folâtré dans les sacs en plastique rapportés de l’épicerie. Je jetai un coup d’œil rapide, je bougeai négligemment les sacs du bout du pied, j’en soulevai même quelques-uns, mais il était trop tard : la chose bruyante et, de fait, bien imprudente, s’était volatilisée, emportant avec elle l’essentiel de ses secrets et de mon sommeil.

Quelle pouvait être – Seigneur Dieu – cette créature ? Nous écartâmes singes capucins et autres chauves-souris : ne flottait pas dans l’air leur odeur si typiquement musquée. La méthode expérimentale nous imposait de n’exclure aucune piste. Était-ce quelque créature maléfique ? Était-ce un insecte géant ? (je ne pus m’empêcher de penser à l’oiseau gigantesque qui seul pourrait m’en débarrasser) Était-ce une mygale ou un anaconda, l’un ou l’autre échappé de l’appartement d’un voisin aux goûts exotiques, un voisin occupant son logis de façon bien peu bourgeoise ! Était-ce un rongeur ?

Il était malheureusement tard et nous étions peu équipés pour agir ; aussi décidâmes-nous de remettre au lendemain la quête d’une explication plausible. D. m’encouragea nettement dans cette voie. Était-ce parce qu’il se savait absent les jours à venir ?



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(*) Qui pourrait en douter, m’a-t-on fait remarquer.

2 commentaires:

  1. Après une nuit beaucoup trop courte à mon goût car levée à 5h45 pour partir à Notre-Dame-des-Landes, je comptais bien dormir dans le car. Eh bien, merci Christophe, c'est fichu !
    Cela dit, la suite, la suite !

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    1. Voilà la suite !
      En car jusqu'à Notre-Dame-des-Landes ? Mais pourquoi ne pas y aller en aéroplane ? ;-)

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